Dernier-né des amphithéâtres sportifs de Montréal, le domicile de l'Impact de Montréal a été présenté aux médias, hier, moins de deux semaines avant le match inaugural de l'équipe, le 19 mai.
Photo La Presse
Niché en contrebas de la rue Sherbrooke, près de Viau, à l'ombre de la Tour olympique, le nouveau stade de 13 000 places ne fait pas que contribuer à la renaissance sportive du quadrilatère olympique. Il est, disons-le d'emblée, un petit bijou.
Pour la première fois, Montréal peut compter sur un authentique stade de soccer, un must pour ce sport dont la popularité ne cesse de croître. Contrairement à ce qui se passait au centre Claude-Robillard, où le terrain était entouré d'une piste d'athlétisme, les spectateurs seront collés sur l'action: comme dans les meilleurs stades européens, à peine cinq mètres séparent la ligne de touche des premiers sièges peints en bleu. Intime, vous dites?
«Si on veut que les gens sentent l'ambiance, ils doivent être près, dit le président de l'Impact, Joey Saputo. Et les joueurs doivent aussi sentir qu'ils sont dans l'ambiance. C'est pour ça qu'il est très important que l'aire de jeu soit très proche des partisans.»
Saputo était ému de présenter le stade, un projet de 15 millions financé pour moitié par sa famille (le reste a été emprunté). «Honnêtement, pour moi, c'est encore un rêve», a-t-il dit, pendant que les joueurs de l'Impact tenaient leur premier entraînement sur la surface de gazon naturel. «Je suis au septième ciel.»
Pour Saputo et sa famille, l'inauguration du stade sera le point culminant d'un long parcours de 15 ans qui a commencé avec la fondation de l'Impact, en 1993. Un parcours parsemé d'exploits (les championnats de 1994 et 2004), mais aussi d'épisodes sombres (la mise en tutelle de l'équipe, en 2001).
L'entraîneur-chef, Nick De Santis, qui a joué pour l'Impact de 1993 à 1998 et de 2000 à 2003, voit dans le stade une digne récompense des efforts des joueurs et du personnel de l'Impact au fil des ans. «On est fiers des sacrifices qu'on a faits. Les joueurs ont accepté de jouer avec de petits salaires dans les temps difficiles. Dans la vie, quand les choses sont faciles, on peut finir par les tenir pour acquises. Ici, il n'y a jamais rien eu d'acquis.»
Auparavant, l'Impact avait ses bureaux à Saint-Léonard, jouait à Claude-Robillard et s'entraînait à côté du nouveau stade. Pour la première fois, tout est au même endroit. «C'est la fin du triangle des Bermudes», dit Joey Saputo en riant.
Le nouveau stade permet aux dirigeants de l'Impact de se préparer avec confiance à la prochaine étape: obtenir une franchise dans la Major League Soccer, en partenariat avec le propriétaire du Canadien, George Gillett. Sous réserve de l'accord de la Régie des installations olympiques, le Stade Saputo pourrait facilement être agrandi à 20 000 places, une capacité identique à celle du BMO Field, où évolue le Toronto FC (le contrat avec la RIO fixe présentement la limite à 18 000 sièges).
Pourquoi l'Impact, qui a attiré plus de 13 000 personnes lors de certains matchs au Centre Claude-Robillard, n'a-t-il pas vu plus grand tout de suite? Joey Saputo dit s'être inspiré du Canadien, passé du Forum au Centre Bell (alors Molson), au milieu des années 90. «Ça a pris 10 ans pour que le Centre Bell soit plein. Et c'est du hockey! Je me suis dit que la meilleure chose était d'avoir un stade plein avant d'envisager de l'agrandir. En attendant, si on organise un match international, on peut mettre des gradins temporaires.»
Le Stade Saputo sera d'ailleurs l'hôte d'un match de qualification du Canada en vue de la Coupe du monde de 2010, contre Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le 20 juin. Si le Canada progresse dans le tournoi de qualification, des matchs contre le Honduras et le Mexique pourraient y avoir lieu d'ici l'automne.
La vocation du Stade Saputo ne se limitera probablement pas aux sports. Joey Saputo a déjà discuté avec le Cirque du Soleil et des promoteurs de spectacles comme le Groupe Gillett et Donald K. Donald. «Il n'y a pas de concert planifié jusqu'à présent, mais on est intéressés. Les concerts qui se font au parc Jean-Drapeau pourraient facilement être transférés ici, par exemple.»
Mais le soccer restera au coeur des activités. À l'époque où il travaillait chez Tennis Canada, le vice-président principal de l'Impact, Richard Legendre, a été la cheville ouvrière de la modernisation du stade du parc Jarry, qui a contribué à une hausse en flèche de la popularité du tennis. «Je veux qu'on fasse la même chose avec le soccer. Le fait d'avoir ta maison te donne une notoriété, une crédibilité, une présence additionnelle qui est un message en soi. À l'époque, on se cassait la tête à essayer de faire parler de nous. Le stade nous a donné cette notoriété. Le stade a valeur de symbole: il parle.»
Avec éloquence, serait-on tenté d'ajouter dans le cas du Stade Saputo.