Étant donné que la seule centrale nucléaire au Québec est de retour dans l'actualité, on y songe à insvestir $1.5 Milliards de dollars. Donc cela est-il vraiment la voie énergétique à prendre à moyen/long terme pour le Québec?
Deux choix possibles pour l'avenir du réacteur nucléaire de Gentilly-2
Pierre Lambert, Mouvement vert de Mauricie
Le Devoir
Édition du mardi 12 août 2008
Deux choix se présentent pour l'avenir du réacteur nucléaire Gentilly-2 à Bécancour, lequel arrivera à la fin de sa vie utile en décembre 2010. Ce réacteur de type CANDU est le seul au Québec et produit environ 3 % de l'électricité de la province. Comme premier choix, Hydro-Québec envisage de reconstruire cette centrale à un coût qui a été évalué à 1,5 milliards, mais qui pourrait augmenter radicalement à cause des nouvelles normes, plus exigeantes, de sûreté nucléaire. L'expérience nucléaire considérable de l'Ontario indique que l'on pourrait compter sur 10 années de plus pour un réacteur reconstruit.
Un deuxième choix pour l'avenir de Gentilly-2 comprend l'arrêt permanent du réacteur et la mise en oeuvre d'activités en harmonie avec les nouvelles normes de sûreté qui ont été divulguées en 2007-08 par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), organisme fédéral qui a son siège à Ottawa. Les nouvelles normes comportent, entre autres, une sécurisation physique de tout le site d'un réacteur, ce qui inclut l'entrepôt de déchets radioactifs situé à côté du réacteur. Cet entrepôt contient 2500 tonnes de combustible nucléaire irradié hautement radioactif. Une sécurisation physique signifie que l'enceinte de protection du réacteur, la salle de contrôle et l'entrepôt des déchets radioactifs, doit résister à plusieurs menaces externes. Celles-ci comprennent l'impact d'avions, de camions ou de bateaux chargés d'explosifs, et les séismes. La très forte enceinte doit également contenir la radioactivité advenant un accident majeur dans le coeur du réacteur.
Un deuxième choix pour la centrale Gentilly-2, à la suite de l'arrêt permanent du réacteur, serait donc de s'engager dans ces travaux considérables de sécurisation physique et dans des activités importantes de monitoring et de contrôle de la radioactivité sur une période d'au moins 50 ans.
Examinons le premier choix à la lumière de l'expérience acquise avec les nombreux réacteurs CANDU en Ontario. Au mois d'août 1983, un tuyau de pression avait subi une rupture dans un des quatre réacteurs de type CANDU à la centrale nucléaire Pickering A, près de Toronto. Tous les 390 tuyaux de pression du réacteur avaient dû être remplacés durant une opération très coûteuse à cause de la radioactivité intense à laquelle les travailleurs sont exposés. Le réacteur avait été remis en opération cinq ans plus tard, en novembre 1988.
Dans les années allant de 1983 à 1991, les trois autres réacteurs à Pickering A ont également été reconstruits. Mais les problèmes se sont accumulés et, en 1997, l'Ontario a décidé de fermer sept réacteurs, dont les quatre à Pickering A. En moyenne, pour ces quatre réacteurs, la reconstruction avait donné seulement sept années supplémentaires de production électrique, le réacteur Pickering-1 (A) obtenant 10 ans de plus, le maximum. Après une deuxième phase de reconstruction, deux réacteurs de Pickering A ont été remis en opération, en 2003 et en 2005; les deux autres ont été abandonnés.
Quel a été le bilan économique de ces reconstructions fréquentes en Ontario? Une réponse a été donnée le 21 juillet 2008 par l'Association of Major Power Consumers in Ontario (AMPCO). Témoignant devant le Ontario Energy Board (OEB), la AMPCO a critiqué la compagnie d'électricité Ontario Power Generation (OPG, auparavant Hydro-Ontario), en déclarant (notre traduction de l'anglais): «Les réacteurs nucléaires de OPG constituent la deuxième et triste partie du tableau. L'histoire de la partie nucléaire est une tragédie qui est une longue et malheureuse litanie d'échecs technologiques et opérationnels, caractérisée par une performance bas de gamme à des coûts exorbitants et en augmentation rapide -- coûts qui retombent sur les consommateurs ontariens. Cette situation malheureuse a conduit l'AMPCO à conclure que la partie nucléaire de l'OPG est une histoire qui est plutôt un exercice de soins palliatifs envers une technologie CANDU non rentable et sans avenir, et non une histoire qui donne l'image d'une branche de compagnie caractérisée et animée par un esprit d'endurance et de renouvellement.»
Ceux qui sont Pour :
Centrale Gentilly 2: des emplois à ne pas négliger
Le mardi 12 août 2008
Étienne Morissette
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
Pour le maire Maurice Richard, les environnementalistes ne présentent rien de nouveau dans leur lettre envoyée samedi dernier au premier ministre Jean Charest demandant la fermeture de Gentilly-2.
«Il faut d'abord qu'une décision soit prise. La seule chose que je sais, c'est que ça a un impact économique chez nous. C'est une usine qui crée 700 jobs et c'est 130 millions d'impact économique par année pour la rive nord et la rive sud alors souhaitons que la décision se prenne dans les délais les plus courts», a-t-il fait valoir.
Pour le maire de Bécancour, la réfection tomberait bien avec les récentes fermetures d'usines afin de ramener de l'emploi dans la région.
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Ceux qui sont Contre :
Des écologistes veulent la fermeture de Gentilly-2
Alexandre Shields
Édition du mardi 12 août 2008
Le Devoir
Une quarantaine d'organisations écologistes demandent à l'Assemblée nationale de fermer de façon définitive la centrale nucléaire Gentilly-2, qui entraîne selon eux des risques énormes pour l'environnement et la santé de la population du Québec. Qui plus est, ils estiment que les travaux de réfection qui seraient nécessaires pour prolonger sa durée de vie utile coûteraient au minimum 1,5 milliard, et ce, pour une centrale qui comble à peine 3 % des besoins en électricité de la province.