Je ne suis pas encore trop désillusionné. Si je l'étais, je n'essaierais plus de me battre verbalement pour Sherbrooke. Je pense que le lâcher lousse ne mène qu'au statu quo.
Je chiale trop sur les sujets urbanistiques. C'est vrai. Mais je le fais parce que c'est un sujet qui me passionne et qui, je considère (je peux avoir 100% tord, j'ai jamais dit le contraire), mérite d'être débattu avec plus d'ardeur que la manière avec laquelle il l'est en ce moment. C'est une belle invention québécoise, le terme "chialer". La plupart du temps, quand quelqu'un tente de dire quelque chose qui va contre la volonté politique de masse (qu'on peut qualifié de frileuse, au mieux), on ne cherche pas à réfléchir sur la chose, on dira simplement qu'il est "chialeux" et, puisqu'il est "chialeux", ses arguments seront forcément occultés par le fait qu'il est qualifié de "chialeux".
Au Québec, on aime bien être gentil-gentil avec tous les sujets et avec tout le monde. C'est un problème pour moi (pour moi, j'ai pas dit pour vous). Ça peut être quelque chose de bon pour d'autres. Je constate juste qu'avec cette attitude (en urbanisme, au moins, parce que c'est mon champs d'expertise), et je crois que vous pouvez le constater, on avance à pas de tortue, et ce depuis très longtemps.
Je ne suis pas contre tous les projets. Si je prend tout récemment, par exemple, un projet qui avait été lancé ici (même s'il était fictif...) concernant la rue commerçante à Saint-Élie... J'aurai été pour une reconfiguration de cet endroit. Mais encore une fois, j'aurai probablement été le seul, ironiquement, en faveur de ça. Donc, même là, c'est relatif. Le projet de l'édifice Labonté: un chef-d’œuvre. Plusieurs projets au centre-ville devraient s'en inspirer. Mais bon, voilà. Je passe outre parce que je pense que c'est une évidence. Je me rend même compte que plusieurs projets, auxquels je m'opposais auparavant, semblent porter plus fruit que ce que je pensais. Mais c'est pas une raison pour s'asseoir sur nos lauriers et écrire une thèse sur le Lac des Nations et son apport touristique pour la ville (par exemple). Le rôle d'un urbaniste n'est pas d'encenser et de vanter ce qui se fait de bien (ce qui se fait trop souvent à mon goût), mais de tenter de s'approcher le plus possible du niveau parfait en remettant toujours en cause tous les projets, sur quelque plan que ce soit. Un urbaniste qui ose dire qu'un projet (même si c'est le sien) est parfait, ne devrait pas avoir le droit d'exercer la fonction d'urbaniste. Je crois (je dis bien JE CROIS, je ne dis pas que vous êtes obligés d'être d'accord avec moi) que c'est comme ça qu'on va réussir à avancer plus vite. Bon, maintenant, il est fort possible que je me mette un doigt dans l’œil en pensant pouvoir changer les mœurs des gens (ou même tout simplement en pensant que c'est la bonne chose à faire), mais au moins, j'essaie de le faire.
J'ai peut-être trop aimé mes cours de philosophie au Cégep et les principes de rhétorique et de dialectique et je suis directement influencé par eux dans mes écrits. On ne leur accorde probablement pas assez d'importance dans les sphère professionnelle au Québec. En France, on leur accorde peut-être trop d'importance dans les autres sphères de la vie courante. Il y a des pour et des contres. Il s'agirait de prendre le meilleur des deux.
Dans le cas du projet près du CHUS, j'ai beaucoup, beaucoup de difficulté à lui trouver un point positif (outre le fait de pouvoir loger plus de monde à coûts pas trop élevés... mais c'est un argument assez faible si on considère qu'on est en 2011). C'est un projet qui semble être tout à fait dans le modèle préétabli québécois du développement "normal" d'un nouveau terrain en bordure de ville. Que voulez-vous que je dise de plus? Ok, il n'est pas particulièrement trop laid... Ça valait peut-être la peine d'être mentionné. Mais je crois que je l'ai mentionné non? Au moins ce n'est pas des cubes. Bon. Et après? Ça mène à quoi tout ça? Dans 10 ans, dans 20 ans, on va regarder ce projet en se disant probablement que c'était une belle erreur et que si, à ce moment-là, on avait pris la peine de mieux le penser, ça aurait pu être mieux. Certes, ça aurait pu être pire, mais c'est surtout que ÇA AURAIT PU ÊTRE MIEUX bon sang. C'est tout simplement ça. Ça peut toujours être mieux. Il faut toujours trouver les failles pour essayer de faire mieux. Il faut pas trouver les bons points pour essayer de se dire: "C'est pas si mal que ça en fait... sautons au prochain projet et faisons la même chose! Après tout, ça passe dans l'opinion publique." On oublie trop souvent que lorsqu'on fait de l'urbanisme, c'est pour longtemps. Il faut penser les projets à long terme. On ne change pas un développement résidentiel comme on change d'automobile. Si un projet est laid, mal conçu et présente de nombreuses failles, mais qu'il est quand même construit parce que c'est le moins pire, eh bah on va être pris avec le "moins pire" pendant au moins 30 ans...
Après, c'est juste mon point de vue et mon style d'écriture. Si tu as de la difficulté à lire ce que j'écris à cause de ça, c'est dommage. Je ne t'en veux pas pour ça. Moi je vais continuer à te lire.