@The Rock
Bien sûr que j'exagérais...
La réalité des bungalows serait pourtant vraiment simple à changer... en démontrant très facilement à tous que c'est cher, inefficace, anti-écologique, anti-urbain, anti-social et que ça ne mène nulle part. Tu vois, moi j'ai une toute autre vision des choses par rapport à la tienne. J'ai une théorie selon laquelle les gens achètent/aiment/veulent ce genre de construction justement parce qu'ils ont un manque de choix. La lâcheté et le conservatisme du marché immobilier québécois est donc à blâmer tout autant que l'inconscience de ceux qui achètent. Ce n'est pas que personne n'en voulait des condos; sinon le projet n'aurait même pas été créé; c'est que la Ville n'en voulait pas. On ne présente pas un projet sans des acheteurs potentiels... Et dans le cas des condos, même au Québec, généralement, ça part de nos jours comme des petits pains chauds.
De manière générale, l'offre ne suit la demande que lorsque c'est à l'avantage des promoteurs les plus "enthousiastes" (pour ne pas dire les plus véreux, ceux qui ont les moyens de faire flancher n'importe quel élu). Quand il s'agit de savoir ce que les gens veulent vraiment (en ayant tous les choix possibles devant les yeux, pas juste en ne leur offrant que du bungalow...), l'offre devient soudainement très discrète. Je pense que si on faisait un sondage sur les désirs d'achat immobilier des jeunes Sherbrookois, le bungalow arriverait en fin de liste.
On produit du bungalow => On produit des gens qui veulent des bungalows; inconscient qu'il existe d'autres formes d'habitation beaucoup plus intéressante.
Je ne fais pas non plus l'éloge de la mixité parfaite (elle n'existe pas). Cependant, il existe des tonnes et des tonnes de paliers intermédiaires auxquels Sherbrooke ne veut pas s'accrocher ou ne s'y accroche qu'en très petite partie.
Je ne fais pas non plus l'éloge de l'urbanisme technocrate. Oh que non... Je suis un peu dégoûté par ce que je vois en urbanisme en fait. Je suis aujourd'hui pour que l'urbaniste ne soit que l'intermédiaire entre le citoyen et les élus, dans une démarche politique ascendante (des citoyens vers les élus, et non pas le contraire comme ça se fait actuellement, en France ou au Québec), tout comme toi. C'est pourquoi d'ailleurs j'hésite énormément en ce moment à me retourner vers le design urbain stricto sensu qui me passionne plus que le métier d'urbaniste-bureaucrate-rempli-de-la-paperasse-et-ne-prend-pas-en-compte-l'avis-des-citoyens-àmoinsqu'ilsaientbeaucoupd'argent (en gros, c'est ce qu'on nous enseigne dans les universités Québécoises et Française, eh oui les amis).
La marche peut paraître grande, mais elle serait pourtant facile à franchir. Et une fois franchie, presque tout le reste viendrait tout seul. L'urbaniste, comme tu dis, n'a peu à voir dans ce changement. C'est aux élus de se donner un coup de pied au cul et de faire ce qu'il faut quand c'est le temps, merde.
Le centre-ville n'a aucun intérêt aux yeux des riches et des familles? C'est pourtant là qu'on retrouve ces gens les samedis/dimanches après-midi, sur la promenade du Lac... Les gens ne vont pas s'établir au centre-ville parce qu'il n'y a pas d'offre. Et il n'y a pas d'offre parce que les élus ne veulent pas qu'il y en ait en décourageant passivement (en laissant pourrir sur le coin d'une table lesdits projets) et même activement parfois (comme avec la tour à condos...) les projets qui voudraient s'y implanter, ils préfèrent voir pousser des développements-champignons en banlieue.
Les zones prioritaires de développement se trouvent par définition dans des endroits loin du centre. Ça explique bien mon point. La politique québécoise donne la priorité au développement loin des centres. Mais ça va changer très bientôt.
Sherbrooke n'a cessé de gruger de la zone verte pour élargir son périmètre urbain depuis l'entrée en vigueur de la LAU, en ayant pourtant une importante réserve foncière non-construite en son centre. C'est une action typique d'une ville qui a peur de prendre des décisions sur le long terme et qui préfère la manière facile d'agir. Elle a profité du laxisme du MAMROT et de ses institutions/organismes balbutiants afin d'agrandir au maximum son périmètre sans avoir à le justifier jusqu'à maintenant. Or, dans l'avenir, elle devra le justifier davantage avec le resserrement anticipé de la loi et elle ne pourra plus faire comme elle le fait en ce moment. Il est temps qu'elle change radicalement son point de vue et qu'elle franchisse la marche que j'ai mentionnée ci-haut si elle ne veut pas tomber dans l'illégalité (pareil pour les autres villes québécoises). C'est une autre raison d'action que les élus ne semblent pas tenir en compte.
Agir radicalement sur le mode de vie des gens, plusieurs pays européens l'ont fait avec brio depuis les années 90 (notamment la France) et ça a porté fruit. Cela passe tout d'abord par une réforme (oui, je sais, c'est un mot à la mode ces temps-ci) dans la législation, dans l'administration, dans les lègues de pouvoirs, dans la gestion des fonds publics, dans la gestion des PPP et dans l'urbanisme en général. Le projet de Loi (qui traine depuis si longtemps mais dont la première version a enfin vu le jour) de réforme de la LAU (devenant la
Loi sur l'Aménagement Durable et l'Urbanisme, espérons qu'elle n'aura pas juste 'durable' que de nom) de 2010 colle bien à cette pensée. Elle est sensé rendre opposable, en termes urbains, la
Loi sur le Développement Durable de 2006 dont tout le monde ignore l'existence et qui n'a jamais servie dans aucune cause légale à ma connaissance. En ce sens et sur une note plus fédérale, je pense que la montée politique du NPD pourrait peut-être apporter une nouvelle vision des municipalités canadiennes dans les prochaines années (si les gens se décident enfin à arrêter de voter Conservateur...), surtout du point de vue des lègues de pouvoirs et du financement. Je pense notamment à leur plateforme concernant le financement des TC.
Comme j'ai déjà dit dans un message précédant, on ne peut pas plaire à tous, il faut arrêter de penser de la sorte. Il faut faire des choix judicieux pour le bon avenir des population; arrêter de penser de la même manière qu'on pensait dans les années 50. Le désir fantassin de certain illuminés; promoteurs à bungalow; qui veulent étendre leur empire de maison en plastique à la Monopoly au monde entier ne devrait pas prévaloir sur les besoins futurs de la collectivité en terme de bonne gestion de l'espace, du social, de l'économie et de l'environnement.
Je pense que la ville investit déjà beaucoup d'argent dans la revitalisation du centre. Le problème, c'est qu'elle ne jumèle pas de politique de développement concrète avec sa politique financière... Donc, on englouti des sommes faramineuses dans la réhabilitation d'un centre qui ne fonctionne qu'à moitié, ce qui contribue à promouvoir encore ne image du centre de "gouffre financier" ou de "zone inutilisable où il ne faut pas investir". Je me demande même s'ils ne le font pas exprès parfois.
Je sais que je suis très virulent dans mes propos, mais c'est ma manière d'exposer mes propos.
Mais je pense que tu le savais déjà.
@Lio
Merci pour l'info. ^^