Publié le 14 avril 2017 à 23h00 | Mis à jour le 14 avril 2017 à 23h00
Jusqu'à 21 h les samedis ?
DANIEL LEBLANC
Le Droit
La direction du centre commercial Les Promenades Gatineau jongle avec l'idée de prolonger ses heures d'ouverture jusqu'à 21h les samedis, a appris Le Droit. L'analyse d'une telle option est à une étape encore très préliminaire, mais la base de la réflexion, elle, est claire et nette : diminuer l'ampleur des fuites commerciales vers Ottawa causées par le contexte frontalier de la région.
C'est bien connu que sur la rive ontarienne, la majorité des grands centres commerciaux tels que le Centre Rideau, St-Laurent et Bayshore ouvrent leurs portes à la clientèle les samedis soirs. De son côté, Place d'Orléans ferme à 19h.
C'est dans cette optique que le centre commercial gatinois, propriété du groupe immobilier Oxford et de Montez Corporation, achemine depuis quelque temps un sondage en ligne de trois questions à sa clientèle, lui demandant entre autres jusqu'à quel point elle serait intéressée de magasiner après 17h les samedis et s'il lui arrive d'aller faire des achats à Ottawa dans cette plage horaire.
« Nous sommes dans un processus de consultation, c'est préliminaire et il y a d'autres étapes subséquentes à celle-là. On ne tirera pas de conclusion définitive une fois qu'on aura cumulé les résultats de ce sondage-là. Pour nous, c'est un prémisse à savoir si c'est un terrain favorable ou défavorable. On envisage tous les scénarios, mais ça va se faire dans le dialogue », affirme la directrice du marketing des Promenades Gatineau, Kathleen Michaud.
Le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation avait déjà accordé au centre commercial l'automne dernier une dérogation à la loi québécoise, lui accordant le droit d'ouvrir ses portes jusqu'à 21h du lundi au samedi durant le dernier temps des Fêtes. Cette dérogation n'est actuellement plus appliquée, mais est valide jusqu'au 31 août.
« On a une réalité géographique très différente des autres régions. Les centres commerciaux d'Ottawa vont vraiment profiter de tous les bénéfices que vont leur apporter le train léger, par exemple. Alors je pense que c'est logique qu'on se pose la question sur le prolongement des heures, c'est dans l'ordre des choses », poursuit-elle.
La direction du centre ne cache pas qu'avec son offre culinaire de plus en plus diversifiée (une vingtaine de restaurants incluant la foire alimentaire, dont quatre ouvriront dans les trois prochains mois), des heures étendues les samedis pourraient avoir un impact positif.
« Les gens vont pouvoir aller manger et magasiner, ou vice-versa. Nos restaurateurs vont être super contents si on décide d'aller dans cette direction », indique Mme Michaud, répétant cependant qu'il y a loin de la coupe aux lèvres dans ce dossier.
Depuis la fin des travaux majeurs de modernisation du centre commercial en 2015, l'achalandage et les ventes seraient en hausse d'environ 25 %.
« On sait qu'on peut aller chercher beaucoup plus. Il y a des marchés comme Aylmer, où le capital discrétionnaire est plus élevé, mais où les habitudes de consommation sont clairement vers l'Ontario en raison de la proximité du pont Champlain et du bassin de population à plus forte majorité anglophone. Donc, c'est de leur dire : venez nous voir, on a une nouvelle histoire », dit-elle.
Le scénario d'ouvrir les portes jusqu'à 21h les samedis n'est nullement envisagé aux Galeries Aylmer. Aux Galeries de Hull, l'élargissement des heures d'affaires va faire partie des options, car c'est une tendance lourde en cette ère de commerce électronique, a indiqué le vice-président exécutif exploitation et commerce de détail chez Cominar, Guy Charron, qui qualifie le sujet de délicat.
«Leur démarche est sage»
Le président de la Chambre de commerce de Gatineau (CCG), Jean-Claude Des Rosiers, ne se dit ni favorable ni défavorable avec cette stratégie commerciale d'ouvrir jusqu'à 21h les samedis soirs.
Chose certaine, il rappelle que selon une analyse datant de 2013, les fuites commerciales de Gatineau vers Ottawa totalisaient 300 millions $.
« Est-ce que l'offre est trop importante ou c'est la demande qui n'est pas au rendez-vous. La question se pose », lance-t-il.
La CCG apprécie qu'il y aura des pourparlers et que rien ne sera décidé précipitamment, peu importe le scénario choisi.
« Un tel changement doit être structuré. Je trouve que leur démarche est sage. Ils tâtent le terrain d'abord afin de bien cerner la clientèle et aussi prendre une décision intelligente pour les commerçants », dit M. Des Rosiers.
Parmi les consommateurs interrogés par LeDroit, certains sont séduits, d'autres sont carrément indifférents.
« Ça m'est arrivé d'aller magasiner à Ottawa un samedis soir, alors ça m'intéresserait », affirme Ghislaine Rollin.
Disant que ce scénario lui fait ni chaud ni froid, Diane Pilon soutient quant à elle n'y être aucunement intéressée, préférant magasiner durant la journée. Et à moins de grande exception, il n'est pas question pour elle de traverser la rivière des Outaouais pour aller faire des emplettes.
L'Ontarienne Marie-Ève Therien fait l'inverse et vient régulièrement magasiner sur la rive gatinoise.
« Je me fais servir en français et je trouve aussi qu'il y a des magasins différents. Je pense que l'idée est bonne. »
http://www.lapresse.ca/le-droit/actu...s-samedis-.php