Publié le 17 mars 2014 à 15h36 | Mis à jour à 18h14
Constitution: Couillard hanté par ses propos
Tommy Chouinard
La Presse
Le 17 mars 2013, Philippe Couillard prenait la tête du Parti libéral du Québec en déclarant que les Québécois doivent « reprendre l'initiative de (la) discussion » en vue de réintégrer la Constitution. Un an plus tard, jour pour jour, il déclare : « Je n'initierai pas de démarche constitutionnelle ».
Lundi, le chef libéral a été longuement questionné sur les propos qu'il tenait au moment de son élection comme chef du PLQ. Il cherche depuis samedi à évacuer le dossier constitutionnel de sa campagne alors qu'il y a un an, il en faisait un enjeu « important », bien que moins prioritaire que l'économie.
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Il était clair sur ses intentions: « À nous, Québécois de toutes les origines, francophones et anglophones, de
reprendre l'initiative de cette discussion. À nous de dire qui nous sommes, c'est dans l'intérêt du Québec autant que dans celui du Canada. »
Lundi, Philippe Couillard marchait sur des oeufs lorsqu'on lui a rappelé ces propos. Il s'est défendu d'avoir changé d'avis, même s'il dit aujourd'hui que
ce ne sont pas les Québécois qui doivent reprendre l'initiative de nouvelles négociations pour réintégrer le Québec dans la constitution.
Cette réintégration du Québec dans la Constitution, «un jour, est-ce que c'est souhaitable ? Oui. Mais ça ne se présentera pas sous notre initiative. Ça va se présenter sous l'initiative des autres Canadiens », a affirmé Philippe Couillard en conférence de presse. Et il ne connaît « personne au Canada qui a le goût de reprendre les conversations constitutionnelles ».
Il a insisté : « Je n'initierai pas de démarche constitutionnelle ». « Il faut attendre que les circonstances s'y prêtent, on ne mettra pas le Québec dans une situation d'être affaiblie, dans une conversation qui n'avancera pas. Pour que cette conservation réussisse, il faut que ça vienne du reste du pays », a-t-il expliqué.
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Vendredi, M. Couillard avait répondu qu'
il interviendrait auprès de Justin Trudeau, d'autres chefs fédéraux et des premiers ministres provinciaux pour qu'ils acceptent que le caractère distinct du Québec soit reconnu dans la Constitution. Ce serait son « devoir comme premier ministre du Québec », disait-il. Or, le lendemain, le chef libéral corrigeait le tir et affirmait qu'
il ne mettrait finalement pas lui-même le dossier sur la table dans le cadre de sa tournée du Canada qu'il compte faire au début d'un éventuel mandat. Il n'aborderait les demandes historiques du Québec que si on lui pose des questions sur le sujet. Il a considérablement modéré ses intentions.
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http://www.lapresse.ca/actualites/el...ses-propos.php
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Voici un petit résumé de ses prises de position sur le sujet.
Le 18 mars 2013, Philippe Couillard s'engageait à ce qu'un gouvernement libéral
signe la Constitution avant 2017. Le lendemain (19 mars), il prétendait déjà qu'il fallait
repousser le débat constitutionnel, avant de se raviser, plus tard au cours de la même journée, et de rappeler à quel point
la signature de la Constitution canadienne était importante. Deux jours plus tard, le gouvernement fédéral (via Denis Lebel) annonce qu'il ne veut pas rouvrir ce débat, puis Couillard arrête d'en parler.
Le 26 octobre, il va jusqu'à annoncer qu'un « gouvernement libéral
refuserait de participer à des négociations constitutionnelles ». Il reprend cependant son engagement de
signer la Constitution « d'ici 2017 » le 6 décembre.
Puis, le 12 mars dernier, il change encore d'avis et dit que «
le fruit n'est pas mûr » pour entreprendre des négociations constitutionnelles. Le lendemain, il fait une conférence de presse avec un drapeau canadien derrière lui, puis, le 14 mars, il fait une conférence de presse sans le drapeau canadien en affirmant que son absence a pour but de montrer que
cet enjeu n'est pas important. Cependant, le jour même, il annonce qu'au lendemain de son élection, il entamera
une grande tournée du Canada pour rouvrir les discussions constitutionnelles sur la base de l'accord du Lac Meech. Le 15 mars, il affirme qu'
il ne fera pas cette tournée.
Finalement, hier (16 mars), il s'est rallié à la position de la CAQ.