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Originally Posted by Cataclaw
I'm anglophone by the way, my french is really bad so please excuse my mistakes! I also use TC (transport collectif) and TEC (transport en commun) interchangeably as acronyms.
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Le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne se voit pas
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Je suis urbaniste, je connais très bien les nuances entre les systèmes. Un système BRT n'est pas nécessairement comme ceux que l'on retrouve en Amérique du Sud. (...) En autant que Sherbrooke ne se retrouve pas avec une voie réservée peinturé sur le sol et that's it. 70,000$ de peinture, c'est pas ça un investissement sérieux en TEC, et ce n'est pas ça qui va changer la part de l'usage de façon importante. (...)
Je ne suis pas d'accord qu'il n'y a pas assez de gens pour justifier un SLR. Il faut changer de mentalité. Il faut prendre le livre de précédents et le jeter aux poubelles. Les problèmes qu'on vit sont sérieux, et si on veut combattre les tendences, il faut penser à des solutions.
L'argument "il n'y a pas assez de densité" est très commun, je l'entend beaucoup. Et pourtant, lorsqu'on construit des réseaux TEC structurants, on fini toujours pas se rendre compte que finalement, c'est mieux qu'on pensait. (Exemple: métro Laval)
(...)
Il faut commencer à quelque part. Si on veut augmenter la densité, ça prend une augmentation de l'offre de TC. Mais pour lancer cette offre initiale, ça prend la densité, etc... Pour combattre ce problème, il faut y aller de l'avant quand même. Ca ne peut pas être pire que construire une autoroute. Dans un monde parfait, il y aurait simultanément: 1. densification 2. augmentation de l'offre de TC 3. réduction de la capacité routière.
Un SLR/tramway à Sherbrooke serait magnifique. Avec des modifications au zonage et un emphase sérieux sur le TOD, Sherbrooke irait chercher la densité.
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Étant aussi urbaniste de formation (bouh lui aussi), mais avec la double compétence transport en commun, je ne doute pas du fait que tu aies une connaissance des systèmes, et de leur impact sur la structuration urbaine. Par contre, j'imagine que ton expertise ne doit pas s'étendre à la planification des transports en commun de manière spécifique.
Une petite digression, une des plus grosses critiques que j'adresserais aux formations en urbanisme en France et au Québec (ailleurs je n'en ai aucune idée), c'est que la question des chiffres et des outils de décisions "objectifs" sont beaucoup trop souvent oubliés, alors que le quali sans le quanti, c'est un peu comme une vache à deux pattes.
En revenant à nos moutons, au delà du fait qu'entre le BRT Curitiba et la voie réservée, il y a une quantité de nuances gigantesques, il y a deux problèmes majeurs à l'application de ta théorie SLR à Sherbrooke :
1. Le problème majeur ce n'est pas la densité, avant de même considérer la densité, le problème majeur c'est la quantité de déplacements, donc la population, qui n'est tout simplement pas suffisante pour justifier un SLR en 2012, ni en 2020, ni en 2030 vu les courbes de population.
On peut toujours forcer (et encore ça se discute vraiment, c'est purement théorique) les sherbrookois à tous habiter dans un périmètre très restreint et très dense (mais alors vraiment très dense), mais en aucun cas tu ne pourras localiser toutes les activités le long d'un axe. Il est certain que si tu me donnes 150 000 habitants et 80 000 emplois à localiser sur un terrain vierge (comme Oscar Niemayer), je te ferai un plan masse qui me permettra de justifier un SLR, même probablement un métro, mais dans la réalité, dans une ville existante, avec des dizaines de milliards d'investissements déjà effectués pour localiser des activités, c'est juste pas réaliste.
François Ascher, le regretté, parlait du temps des villes, et disait que dans le meilleur des cas on pouvait intervenir chaque année sur 3 à 5% du territoire d'une ville.
2. La pertinence d'un mode de transport ne peut pas être déterminée par l'effet attendu sur la structuration de l'espace, cela doit être un facteur majeur dans la décision, mais pas le facteur décisif. Le choix d'un mode doit être déterminé par le potentiel de demande actuel et futur, et par les contraintes et opportunités situés sur le tracé.
A Sherbrooke, la mise en place des passes universelles à l'UDES en 2003 et au CEGEP en 2007, et du coup, la refonte du réseau bus, ont eu un impact plus fort sur la mobilité et sur la structuration de l'espace que la plupart des implantations de SLR dans des villes moyennes, pour un coût probablement 200 fois inférieur. Parce que la demande était diffuse étant donné l'espace urbain sherbrookois, parce que l'on s'adresse à une clientèle très mobile résidentiellement qui s'est redéployée le long des lignes d'autobus, et parce que la population en général n'était de toute manière pas prète à faire un transfert modal massif, du fait du manque de contraintes pour l'usage de l'automobile.
Cela a permis de donner de l'air au quartier du Campus, de revaloriser massivement Ascot et le Centre-ville, et de dynamiser une partie du Nord et de l'Est, l'impact a été majeur.
La phase suivante est de mobiliser les travailleurs autour d'un réseau structurant (qui dessert une ville multipolaire), puis de mettre en place un ou plus BHNS pour insister encore plus fort sur la densification et la localisation des activités dans ces axes là.
Et ensuite, si Sherbrooke devient extrêmement attractive et que la population explose, il sera toujours temps de transformer ce BHNS en SLR.
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(2) À Lyon, en 2006, la part de l'automobile était de 73%. Si c'est ça l'objectif pour toi, et bien nous avons des visions différentes. J'aimerais voir la part de l'auto se retrouver à 50% comme objectif d'ici 30-40 ans.
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Les objectifs du PMDS, c'est que la part de l'auto solo, en 2021 soit de 52%, puis en 2031 de 45%. Mais on exprime ces objectifs sur des déplacements en heure de pointe du matin un jour de semaine. Sur du tout mode, tous motifs, toutes périodes ? Est-ce que ça existe dans le monde, dans un pays développé, pour une ville de la taille de Sherbrooke ?
La prospective à 30/40 ans est extrêmement complexe et aléatoire, donc il est possible que tu aies raison, mais de manière réaliste, se fixer de tels objectifs reste
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Anyway, Steve et CMDS, je crois que nous sommes tous sur la même page, plus ou moins. Personnellement, je suis très heureux de voir les progrès à Sherbrooke. Je n'enlève rien à cette ville formidable! Je souhaite seulement que les actions suivent les paroles, et qu'on ne s'arrête pas là, parce qu'il y a beaucoup de travail à faire. On gratte à peine la surface! C'est ça point point principal.
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On est d'accord, mais je trouvais dommage le ton que prenait la discussion, en disant qu'on planifiait comme dans les années 50. Ce n'est certes pas idéal, mais les orientations prises par Sherbrooke en termes de mobilité durable, pour une ville de 150 000 habitants, sont presque une
anomalie en Amérique du Nord, de par leur volontarisme, selon moi c'est quand même essentiel de le noter.